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La santé des enfants en lettres CAPITAL - AMREF

La santé des enfants en lettres CAPITAL

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La santé des enfants en lettres CAPITAL 

 

 

 

Les régions de Kolda et de Sedhiou, situées au sud du Sénégal, se caractérisent par des indicateurs sanitaires préoccupants au regard des moyennes nationales. Lancé en juin 2016, au Sénégal, le projet Capital Santé répond à un besoin de décentralisation de la prise en charge des maladies, de démocratisation de l’accès aux soins, enjeu fort du Plan National de Développement Sanitaire du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale du Sénégal.

 

1. Actuellement, quels sont les projets déployés par l’Amref dans le sud du Sénégal ?

Manon Richez : Malgré les énormes progrès accomplis ces dernières années, l’accès aux services de santé de qualité et le recours aux soins demeurent une priorité dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest.

Bachir Lo : Les régions de Kolda et de Sedhiou, situées au sud du Sénégal, se caractérisent par des indicateurs sanitaires préoccupants. Cela peut s’expliquer par des freins dans l’accès aux services de soins, d’ordre physique (55% de la population est située à plus de 5 km de la structure sanitaire la plus proche), d’ordre économique (53% des femmes se trouvent en dessous du seuil pauvreté et seul 3% de la population possède une protection sociale couvrant les risques de maladies). Le faible niveau d’instruction et de revenu, ainsi que la persistance de tabous socioculturels, favorisent des comportements à risque et le faible recours au système de santé. La faiblesse de l’offre de soins dans la région génère par ailleurs des carences en termes de prise en charge, en particulier au regard des interventions à haut impact en santé maternelle, néonatale et infantile.

Manon Richez : Fort d’un ancrage communautaire, nous avons l’ambition de soutenir les ménages, en particulier ceux des zones les plus isolées, pour qu’ils puissent agir sur leur propre état de santé et bénéficier de services de santé et de soins de qualité accessibles localement.

Bachir Lo :  Deux projets sont en cours dans les régions sud du Sénégal. D’abord, le projet Capital Santé qui répond à un besoin de décentralisation de l’offre de soins de qualité, enjeu fort du Plan National de Développement Sanitaire 2009-2018 défini par le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale au Sénégal.

Manon Richez : Ce projet considère la démocratisation de l’accès aux soins comme un facteur de réussite dans l’amélioration de la survie et du développement des enfants. Celui-ci considère les différents environnements qui influencent la santé des enfants: à savoir l’environnement scolaire, l’environnement communautaire et celui relatif aux services de santé. Il s’agit de s’assurer que chacun de ces milieux, dans lesquels évoluent les enfants, soit en capacité de promouvoir et garantir leur santé et ainsi leur offrir un capital santé optimal à leur plein développement physique, mental et social.

Bachir Lo : Ensuite, le projet Cellal E Kisal qui s’articule autour de deux composantes : le renforcement de l’offre de soins en matière de santé maternelle néonatale et infantile, et l’amélioration de l’accès à cette offre des communautés rurales isolées. Le projet s’appuie sur l’utilisation conjointe de deux plateformes développées par l’Amref en amont du projet : une plateforme de formation à distance des sages-femmes et infirmiers et une plateforme de télémédecine, qui permet d’assurer la téléconsultation, la télé-expertise, la téléassistance et le suivi de dossiers médicaux numérisés. Il déploie également une valise de télémédecine pour la réalisation d’examens pointus dans des zones reculées (électrocardiogramme, échographie, etc.). Enfin, les agents de santé disposent d’une application mobile pour faire le lien avec les structures de santé (collecte et transfert de données, rappel du calendrier vaccinal, consultations pré/post natales).

Manon Richez : Ainsi nous travaillons avec des communautés dynamiques et informées en interrelation avec les personnels de santé au sein de systèmes de santé renforcés, pour apporter des réponses appropriées aux problèmes de santé des mères et des enfants vivant dans les zones défavorisées. Nos programmes contribuent ainsi à promouvoir l’équité dans l’accès aux services de santé de base et à user des multiples outils disponibles (TIC) pour briser les barrières d’accès et accélérer les progrès en santé.

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2. Quelle est la stratégie de mise en œuvre du projet Capital Santé ?

Manon Richez : L’action proposée par l’Amref Health Africa repose sur deux mécanismes: la contribution à la décentralisation des soins en santé de niveau primaire (soins essentiels, prise en charge intégrée des maladies de l’enfant, promotion des pratiques familiales essentielles en santé, nutrition, eau, hygiène et assainissement) et secondaire (références, consultations spécialisées, chirurgies pédiatrique et obstétricale) ainsi que la contribution au renforcement de la demande et de l’utilisation de services de santé. A l’Amref, nous avons la volonté de rendre accessible des soins de qualité, même dans les zones les plus enclavées, en renforçant les services de santé mais également les ressources humaines en santé.

Bachir Lo : Capital Santé est un programme de santé intégré, qui comporte 3 volets: le premier volet concerne le niveau communautaire : le programme cible les relais communautaires, qui sont choisis parmi la communauté qui leur fait confiance. Ils sont formés sur la prise en charge des maladies de l’enfant. Ils deviennent alors des relais d’information, des promoteurs des pratiques optimales et des accompagnateurs du changement de comportement favorable au Capital Santé des enfants.

Le second volet est scolaire. Les enfants réalisent un travail de prévention remarquable au sein du programme Capital Santé, avec des activités récréatives qui promeuvent les pratiques optimales de santé, telles que réalisées via les Club Santé dans les écoles. Ainsi, des enfants choisis par leurs camarades, et pour leurs résultats scolaires  mènent des activités de communication pour le changement de comportements en promouvant les pratiques préventives des maladies évitables et en sensibilisant aux avantages. L’enfant est le lien entre la communauté et l’école. En s’appropriant les messages et en les diffusant dans sa famille et sa communauté, les équipes de l’Amref prennent le pari de la jeunesse, en s’assurant qu’elle soit en bonne santé.

Enfin le dernier volet concerne les services de santé : au niveau des écoles une chaîne de référence est établie, elle commence avec une identification et une prise en charge médicale des élèves, via l’organisation de visites médicales. Au niveau communautaire il y a également un référencement effectuée, pour ne pas priver les enfants déscolarisés de la visite médicale.. Pour les cas nécessitant une prise en charge plus spécifique, l’Amref met en place des mini-camps de consultations spécialisés (ORL, dentiste, ophtalmologie). Dès le moment où une prise en charge chirurgicale est nécessaire l’Amref organise des camps de chirurgie pédiatrique, qui ont lieu au niveau des hôpitaux régionaux à Kolda ou à Sédhiou.

Manon Richez: Les services satellites contribuant à la santé de l’enfant sont également considérés dans ce programme. Par exemple, la brigade d’hygiène participe aux activités de consultations médicales dans les écoles de manière à pouvoir identifier les besoins et recommander les actions à entreprendre. Les services décentralisés, sont également mobilisés, dont celui de l’Action sociale est nécessaire dans le cas d’identification d’enfants non enregistrés à la naissance. Ces enfants sont oubliés des actions publiques car non considérés dans les données nationales.  Après l’enregistrement de ces enfants sans état civil, l’action sociale s’engage à organiser des audiences foraines rendant des jugements supplétifs d’acte de naissance.

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3. Quelles sont vos perspectives avec le programme Capital Santé ?

Bachir Lo: L’Amref questionne constamment ses modèles d’intervention, les stratégies qu’elle met en place, pour accroître l’efficacité de ses programmes. Ce processus de capitalisation sur la première phase de Capital Santé, au Sénégal nous a permis de reproduire le modèle d’intervention, dans la région de Mamou en Guinée. A ce jour c’est un projet pilote. Il ne comporte pas encore tous les volets d’intervention, qui seront intégrés selon les besoins et adaptés au contexte.

Manon Richez :  A l’Amref, notre action se base sur le partenariat avec les communautés, les autorités centrales et locales, les acteurs de la santé mais aussi avec nos partenaires techniques et financiers. Dans ce cadre, nous avons réalisé une mission importante en avril dernier avec  Muriel Guigue, responsable programmes de la Cartier Charitable Foundation, qui finance nos interventions. Cette visite c’est l’exemple même de ce que nous souhaitons pour assurer un changement durable de la santé : impliquer toutes les parties prenantes convaincues et engagées à mettre l’accent sur la santé maternelle et infantile pour assurer un développement durable et équitable.

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Les objectifs de Capital Santé:

Garantir aux enfants des zones ciblées un meilleur accès aux services de santé promotionnels et préventifs via :

  • La sensibilisation aux pratiques familiales essentielles en matière d’assainissement, d’hygiène et de nutrition pour plus de 10 000 écoliers (soit 80% des enfants scolarisés dans les 60 écoles partenaires)
  • L’organisation de 160 camps de consultation pour les écoliers et les enfants non scolarisés de la communauté, soit un peu plus de 22 000 enfants.
  • Sensibiliser 25 000 femmes de 15 à 49 ans (soit 50% du total des femmes de cette tranche d’âge dans la zone d’intervention du programme) en matière de santé des enfants, d’hygiène et de nutrition via des visites à domicile et les agents de santé communautaire.
  • Assurer à au moins 80% des enfants identifiés au niveau communautaire (écoles, postes et centres de santé, hôpitaux régionaux) une assistance médicale et/ou chirurgicale de qualité et adaptée à leurs besoins, via le déploiement de médecins spécialistes et de chirurgiens équipés.
  • Renforcer les capacités de 120 professionnels de santé sur la santé des enfants et de la mère et relever le plateau technique des structures de santé partenaires.

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