Les régions de Kolda et de Sédhiou, situées au sud du Sénégal, se caractérisent par des indicateurs sanitaires préoccupants au regard des moyennes nationales.
L’EDS-Continue 2016 de l’ANSD estimait en 2016 que le taux de mortalité infanto-juvénile y était près du double de la moyenne nationale : pour 1 000 naissances vivantes, 105 enfants mourraient avant l’âge de 5 ans dans la région de Kolda et 78 dans la région de Sédhiou, contre 51 à l’échelle du pays. En 2016, 7,6 % des enfants de 12-23 mois n’avaient reçu aucun vaccin dans le sud du pays contre 3,3 % au niveau national.
La faiblesse de ces indicateurs sanitaires s’explique par de multiples freins dans l’accès aux services de soins :
- Un déficit d’infrastructures sanitaires et de ressources humaines (en quantité et en qualité). Il existe un seul hôpital par région pour 700 755 habitants à Kolda et 483 769 habitants à Sédhiou (alors que l’OMS estime essentiel 1 hôpital pour 100 000 habitants). Par ailleurs, les deux régions pâtissent d’une forte mobilité du personnel de soins du fait de conditions de travail peu attrayantes. Ainsi, plus de la moitié de la population est située à plus de 5km de la structure sanitaire la plus proche.
- Un faible niveau de revenus pour les populations – 53% des femmes se trouvent en dessous du seuil pauvreté et seul 3% de la population possède une protection sociale couvrant les risques de maladie.
- Un faible niveau d’instruction notamment sur le plan de l’éducation sanitaire. On observe cela notamment dans la méconnaissance des symptômes de maladies retardant le recours aux soins.
- La persistance de tabous socioculturels Tous ces facteurs, mis ensemble, favorisent des comportements à risque et le faible recours au système de santé.
Tous ces facteurs, mis ensemble, favorisent des comportements à risque et le faible recours au système de santé.
Le projet Capital Santé répond à un besoin de décentralisation de la prise en charge des maladies jusque dans les régions périphériques du Sénégal.
Il agit comme vecteur de démocratisation de l’accès aux soins, enjeu fort du Plan National de Développement Sanitaire 2009-2018 défini par le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale avec lequel Amref travaille en étroite collaboration – en plus du partenariat fort avec les autorités sanitaires, académiques et administrations locales.
L’action proposée par Amref repose sur 2 mécanismes :
- La contribution à la décentralisation des soins en santé : de niveau primaire : soins essentiels, prise en charge intégrée des maladies de l’enfant, promotion des pratiques essentielles en santé, nutrition, eau, hygiène et assainissement de niveau secondaire : références, consultations spécialisées, chirurgies pédiatrique et obstétricale.
- La contribution au renforcement de la demande de services de santé et la promotion des bonnes pratiques de soins.
Le projet Capital Santé propose une approche holistique en considérant la pluralité des environnements qui influencent la santé des enfants, à savoir l’école, la famille et la communauté et les services de santé.
Il s’agit de créer des synergies et de s’assurer que chacun de ces acteurs soit en capacité de promouvoir la santé des enfants à travers une offre de soins améliorée et ainsi de leur offrir un Capital Santé optimal à leur plein développement physique, mental et social.
Le projet est mis en place dans les régions de Kolda et de Sédhiou, dans la partie méridionale du Sénégal, en ciblant 60 écoles réparties sur les deux régions. Ce projet a pour objectif global de contribuer à réduire la morbidité et la mortalité des enfants des régions de Kolda et Sédhiou en leur offrant un capital santé optimal à travers l’engagement et l’interrelation de 3 environnements à savoir l’école, la communauté et les services de santé.
Garantir aux élèves des 60 écoles primaires ciblées, un renforcement de leurs connaissances concernant les bonnes pratiques d’assainissement, d’hygiène et de nutrition favorisant leur bonne santé, et un accès à des services de santé promotionnels et préventifs au sein de leurs écoles.
- D’une part, le projet permet une amélioration de l’offre de santé dans les 60 écoles ciblées par la mise à disposition de matériel essentiel en hygiène et assainissement et par l’organisation de visites médicales scolaires.
- D’autre part, le projet implique la formation d’enseignant.e.s et élèves pour qu’il.elle.s organisent conjointement des sessions de sensibilisation auprès de leurs pairs dans leurs établissements respectifs.
Assurer aux femmes en âge de procréer ciblées un renforcement de leurs connaissances et compétences en matière de santé des enfants, d’hygiène et de nutrition.
- Une stratégie de Communication pour le Changement de Comportements est déployée pour un renforcement des connaissances et compétences des communautés et pour l’adoption de pratiques favorables à la santé.
- De plus, l’offre de santé au niveau communautaire est améliorée par la formation d’agents de santé communautaire sur la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PCIME) et par l’organisation de stratégies avancées et campagnes de santé impliquant à la fois infirmier.ère.s et sages-femmes et agents communautaires, jusque dans les villages les plus éloignés des structures de santé.
Pour 80% des enfants référés lors des consultations menées au niveau décentralisé (écoles, postes, centres de santé et hôpital régional), assurer une assistance de qualité médicale et, dès lors que nécessaire, chirurgicale adaptée à leurs besoins.
- Le personnel de santé des structures de santé décentralisées est donc chargé de référer les enfants en besoin d’assistance médicale et/ou chirurgicale. Grâce à cela, 80% de ces enfants ont pu bénéficier d’une intervention médicale/chirurgicale lors des mini-camps de consultations spécialisées et des camps de chirurgie.
- Le relèvement du plateau technique des structures de santé partenaires, ainsi que la mobilisation d’outils e-santé pilotes, ont soutenu la mise en œuvre qualitative de ces activités et l’amélioration durable de la disponibilité d’une offre de services de santé qualitative dans les deux régions.