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Binta, championne Amref dans la lutte pour l’abolition des Mutilations Sexuelles Féminines au Sénégal - AMREF

Binta, championne Amref dans la lutte pour l’abolition des Mutilations Sexuelles Féminines au Sénégal

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Rencontre avec Binta, Championne AMREF qui agit dans le cadre ducollectif Génération Filles Sénégal, collectif soutenu par le projet DEVENIR* dans la région de Sédhiou, Sénégal.

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Pourquoi t’es-tu engagée dans la lutte contre les Mutilations Sexuelles Féminines (MSF) ?

Déjà parce que j’ai été moi-même victime de l’excision. On m’a excisée à l’âge de 3 ans. Aussi, à la suite de mon excision, j’ai fait une hémorragie. A cause de cela, j’ai été amenée à Dakar pour que l’on me soigne parce que les services de soins n’étaient pas disponibles à Sédhiou.

Je peux vous dire que maintenant j’ai souvent des problèmes liés à mon excision. Par exemple, quand j’ai mes règles, j’ai constamment des douleurs. Les médecins m’ont dit que c’est sûrement lié à l’excision.

Il y a beaucoup de problèmes que l’on rencontre dans les postes de santé, notamment le taux de mortalité des enfants. Il y a beaucoup d’enfants qui meurent et on dit qu’on ne sait pas pourquoi, c’est suspect et c’est souvent lié à l’excision.

Auparavant, ceux qui pratiquaient l’excision la voyaient comme normale. Ils croyaient que c’était pour notre bien. Ça a toujours fait partie de notre tradition, culture, société. Une fille qui n’était pas excisée est souvent considérée comme une fille sale. Des fois, elle n’a même pas le droit de prendre certaines décisions dans la famille ou encore de préparer la nourriture. Certains hommes refusent aussi de la marier parce qu’ils la considèrent comme sale.

Les gens qui pratiquent l’excision font du mal. Déjà parce que ça nuit à la personne et cela se fait sans son consentement.

On jette souvent la faute sur les exciseuses parce que ce sont elles qui pratiquent l’excision. Quand on parle avec elles, beaucoup mettent l’accent sur le fait que l’excision fait partie de la culture, de l’histoire et elles minimisent les conséquences liées à cette mutilation. On essaye donc de leur faire prendre conscience des conséquences néfastes de cette pratique, surtout qu’elles ont un poids fort dans la décision d’abandonner la pratique. Il faut donc les convaincre que même si c’est une tradition, c’est une tradition néfaste qui a des conséquences graves sur la santé des femmes et de leurs enfants.

On jette souvent la faute sur les exciseuses mais on n’a jamais vu une exciseuse venir à la maison et exciser la fille par force. A chaque fois, ce sont les parents qui l’amènent. Donc il faut qu’on approche aussi les parents, qu’on les sensibilise, que l’on communique avec eux pour ne pas qu’ils nuisent à leurs enfants. Il faut leur faire comprendre que l’excision a des conséquences extrêmement néfastes.

Comment abordes-tu la question des MSF avec les parents, les gens ? Est-ce que c’est difficile d’en parler ?

Souvent c’est difficile parce qu’ils ne veulent pas nous écouter. Ils croient qu’on est juste là pour embobiner la société. Des fois, les situations sont très compliquées : souvent on rencontre des pères et des mères de famille qui nous renvoient ou qui nous insultent. On rencontre de tout sur le terrain.

Même si certains ne veulent pas nous écouter, on choisit de continuer. On tente de les approcher, de communiquer avec eux en espérant qu’un jour ils puissent nous écouter. On a plus de problèmes avec certains parents mais on continue d’aller les voir pour qu’ensuite ils en discutent avec leurs enfants et que l’information circule dans les familles.

Comment vous organisez-vous pour sensibiliser ces personnes ?

On fait des visites à domicile dans les villages, dans les communautés. On rencontre pas mal de familles. On fait cela avec le collectif Génération Filles et depuis 2018, on est en partenariat avec Amref. En effet, ils nous ont proposé ce partenariat parce qu’ils ont été témoins de tout notre travail depuis longtemps. Depuis, avec Amref, on a organisé des tables-rondes, etc. On a également fait des formations de jeunes en décembre dernier.

Quand on se déplace, on sort en masse puis chaque groupe va de son côté. On fonctionne en binôme. Il y a beaucoup de jeunes.

Souvent on est sur le terrain avec les postes de santé dont les sages-femmes, ils nous accompagnent. D’abord, ils nous laissent poser nos plans, voir comment on prévoit de dérouler notre activité. Après ils nous retrouvent dans les visites à domicile, les débats pour observer et nous aider si besoin.

Est-ce que la pandémie de COVID-19 a impacté vos activités ? et si oui, comment ?

La COVID-19 a beaucoup changé nos plans et nos activités. Avant on faisait beaucoup d’activités de sensibilisation de masse mais maintenant on évite de faire comme cela. On privilégie les visites à domicile aux débats.

Aussi, avant on faisait venir les gens dans nos locaux pour discuter. Mais maintenant, on préfère aller vers eux tout en se préparant bien et en respectant les mesures barrières.
*DEVENIR est un projet soutenu par l’AFD qui contribue à réduire la prévalence des Mutilations Sexuelles Féminines chez les filles âgées de 0 à 14 ans dans la région de Sédhiou (Sénégal) en renforçant l’engagement et la participation communautaires.Pour plus d’informations sur le Projet DEVENIR, RDV ici.

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