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Rencontre avec Dessie, champion Amref pour la fin des Mutilations Sexuelles Féminines en Ethiopie - AMREF

Rencontre avec Dessie, champion Amref pour la fin des Mutilations Sexuelles Féminines en Ethiopie

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“Je m’appelle Dessie. J’ai 33 ans et je viens de la région d’Amhara en Éthiopie.  Je suis un père très fier, d’une fille et d’un garçon qui sont tout pour moi”.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

“J’ai une formation et un diplôme dans le domaine de la santé. Avant de commencer à travailler pour Amref Health Africa, j’ai travaillé pendant plusieurs années comme agent de santé publique. Je suis une personne qui veut toujours prendre soin des gens, c’est dans ma nature. C’est dans mon travail de santé que j’ai commencé à remarquer une pratique néfaste connue sous le nom de mutilation sexuelle féminine, ou excision. J’ai vu arriver à l’hôpital des femmes enceintes qui présentaient des complications lors de leur accouchement. De nombreuses femmes sont même mortes en accouchant. Je trouvais horrible de voir une mère perdre la vie et de perdre aussi son bébé. Tant de morts inutiles ! J’ai remarqué que cela avait un rapport avec l’excision et toutes les complications qui en résultaient. C’est là que j’ai commencé mon cheminement pour mettre fin à cette effroyable pratique. Lorsque j’ai pris contact avec Amref, j’ai su dès lors que ce serait mon nouveau but dans la vie : être champion pour mettre fin aux Mutilations Sexuelles Féminines (MSF).”

Pouvez-vous décrire le travail que vous faites pour Amref Health Africa ?

“Je travaille pour Amref en Ethiopie depuis quatre ans maintenant en tant que responsable de projet. Au cours de ces quatre années, je me suis concentré sur l’élimination de des MSF et de toute violence à l’encontre des filles et des femmes, ainsi que sur la promotion de la santé et des droits sexuels et reproductifs. Je suis également devenu un champion panafricain officiel pour mettre fin aux MSF.

En Éthiopie, beaucoup de filles sont soumises à l’excision à un très jeune âge, parfois juste après leur naissance. En tant que champion, je dispense donc un enseignement dans les centres de santé.

J’ai remarqué qu’il y a encore beaucoup d’agents de santé qui ne sont pas bien informés des dangers des MSF. Si vous commencez à éduquer les agents de santé, vous avez un bon point d’entrée avec les mères, car ce sont eux qui doivent assurer le suivi et les contrôles des femmes enceintes. Je suis en contact étroit avec les agents de santé et ils me font confiance”. 

Quelle est votre motivation pour faire ce travail ?

“En tant que père qui aime beaucoup sa fille, je veux que cette pratique des MSF cesse. Je veux que ma fille et toutes les autres filles d’Éthiopie grandissent et mènent une vie saine. J’ai vu trop de femmes mourir pendant l’accouchement. Je me sens tellement impuissant de perdre une mère pour quelque chose qui aurait pu être évité ! Je sais que nous avons encore un long chemin à parcourir, mais chaque pas que nous faisons est un pas dans la bonne direction”. 

Comment la COVID-19 a-t-elle affecté votre région ?

“Beaucoup de choses ont changé. Le premier mois de confinement, nous n’avons rien pu faire. J’ai commencé à remarquer que les mariages d’enfants augmentaient parce que les écoles étaient fermées. Dans la région d’Amhara, plus de 700 mariages ont eu lieu. 

À cause de la fermeture des écoles, il n’y a plus de lieu sûr pour les filles. L’école est aussi le lieu où elles reçoivent des informations sur le planning familial, les grossesses d’adolescentes et les mariages précoces. Les filles commencent souvent à travailler dans les fermes de fleurs de ma région parce qu’elles n’ont pas mieux à faire et que leurs parents leur demandent de les aider à gagner de l’argent. C’est terrible, car la plupart d’entre elles ne retourneront pas à l’école une fois que leurs parents se seront habitués à recevoir l’argent qu’elles gagnent. Je pense que ce n’est pas bien. Les jeunes filles doivent aller à l’école et ne pas travailler. Les filles qui travaillent dans les fermes de fleurs à un jeune âge courent également un risque plus élevé de tomber enceintes parce qu’elles ne reçoivent pas les informations qu’elles auraient reçues à l’école”. 

Que faites-vous pour aider les femmes et les filles pendant la pandémie ?

“Nous n’avons pas gardé le silence. Je ne pouvais plus atteindre toutes les communautés [à cause des restrictions de santé publique sur les voyages] alors Amref m’a donné une plateforme et m’a introduit à la radio locale. Là, j’ai pu continuer à utiliser ma voix pour le changement et atteindre des milliers de foyers. 

J’ai également fait du porte-à-porte et j’ai essayé de me rendre au centre de santé local pour dialoguer avec les infirmières. Je me souviens d’une fille à qui j’ai parlé pendant cette pandémie. Elle est allée avec sa mère au centre de santé parce que sa mère voulait obtenir des contraceptifs. Nous avons commencé à parler et j’ai remarqué qu’il se passait quelque chose d’étrange. Mon instinct me disait que je devais aller la voir et j’ai découvert que sa mère voulait la marier. Je suis allée voir la mère plus tard dans la semaine pour la convaincre de garder sa fille à la maison et finalement, la fille est retournée à l’école en octobre, lorsque les écoles ont réouvert La mère a d’abord résisté, mais j’ai pris contact l’aîné du village et ensemble, nous avons réussi à la faire changer d’avis.

Je suis fier que notre gouvernement considère Amref comme un partenaire important pour mettre fin aux MSF. Ils nous ont appelés parce qu’ils ont aussi constaté que les MSF et les mariages précoces étaient en augmentation [pendant la COVID-19]. J’ai donc organisé une réunion avec les différents services de santé, les districts et le gouvernement. Nous nous sommes assis autour de la table et avons élaboré un plan d’action pour protéger nos filles. Et avec de bons résultats. Nous avons reçu des masques de protection pour pouvoir visiter les communautés locales tout en gardant une distance sociale”. 

Quel est votre but maintenant ?

“Ma vision est de parvenir à un monde sans MSF et sans mariage d’enfants.

Nous faisons de petits pas, mais cette pandémie m’a fait penser que nous devons intensifier notre travail pour protéger nos filles. J’espère qu’Amref pourra former encore plus de travailleurs dans le domaine de la santé et de champions sur le terrain afin que nous puissions mettre fin à ce fléau.

L’impact de la COVID-19 sur notre santé est important, mais l’impact a été encore plus grand sur les droits des femmes et des filles. Nous devons investir davantage dans les services de santé et de droits sexuels et reproductifs et veiller à ce que les droits des filles soient protégés”.