La Journée Mondiale de Lutte contre la Tuberculose met en lumière le combat des personnes affectées, des communautés et des organisations dans la lutte contre cette maladie. C’est l’occasion pour nous de partager le parcours de Bi Hawa qui est devenue une championne de la santé à Zanzibar (Tanzanie).
Au cœur du village de Kibweni, située à l’ouest de l’île de Zanzibar, les maisons sont serrées les unes contre les autres. L’air humide est imprégné de l’odeur saline de la mer. C’est ici que nous rencontrons Bi Hawa Mohammed. Son récit est marqué par le courage et la résilience dans sa lutte personnelle, puis à échelle de sa communauté, contre la tuberculose.
Les effets dévastateurs de la maladie
C’est d’abord la sœur de Bi Hawa qui a commencé à tousser de manière persistante. Elle a pensé à un symptôme mineur, alors qu’il s’agissait d’un signe avant-coureur de la tuberculose. La maladie persiste dans des localités telles que Kibweni où les communautés à faible revenu vivent dans la précarité sanitaire, ne bénéficiant pas d’une bonne nutrition, ni de soins de santé adéquats. Malgré les traitements existants, le manque de sensibilisation et le défaut de suivi médical, couplé à des conditions de vie fragiles, la tuberculose se propage.
Ainsi Bi Hawa a elle aussi contracté la maladie. Veuve, mère et petite entrepreneuse, elle a immédiatement souffert des effets dévastateurs sur sa santé, sur la subsistance de sa famille et sur sa réputation dans le village.
Le poids de la stigmatisation
Malgré cela, Bi Hawa a continué de prendre soin de sa sœur, qui souffrait à la fois de la tuberculose et d’une attaque cérébrale. C’est dire sa force de caractère. A cela s’est ajouté la stigmatisation associée à la maladie qui s’est abattue sur sa famille. Le rejet et l’isolement des personnes atteintes de tuberculose sont notamment liés à la mauvaise compréhension de la maladie et à l’association de la tuberculose au VIH.
La stigmatisation est aussi intériorisée par les patients tuberculeux, qui éprouvent souvent des sentiments de honte et perdent l’estime de soi. Tout cela entrave la recherche de soins, contribuant à la transmission continue de la maladie. Mais Bi Hawa a décidé de se battre, avec le soutien d’Amref Health Africa.
Le programme « Afya Shirikishi »
Les équipes d’Amref Health Africa en Tanzanie ont pu apporter des solutions concrètes qui ont été décisives pour Bi Hawa. Le programme « Afya Shirikishi », avec une approche centrée sur la personne et le pilotage communautaire, a renforcé la capacité de surveillance, de détection précoce et de traitement de la tuberculose dans le pays. Bi Hawa a été suivie par des professionnels de santé. Le début de son parcours vers la guérison a pu commencer, lui apportant un rayon d’espoir, ainsi qu’à sa communauté.
Les visites à domicile et les programmes d’éducation sur la gestion de la tuberculose ont joué un rôle vital, non seulement dans le traitement de la maladie, mais également dans la création d’un environnement propice à la prévention de sa propagation. Cette approche s’avère essentielle dans des régions telles que Kibweni, où le risque de tuberculose résistante aux médicaments est élevé en raison d’une mauvaise gestion des prescriptions, et où le mode de vie communautaire nécessite une vigilance accrue en matière de santé publique.
En 2022, à travers le programme « Afya Shirikishi », 1 228 093 personnes ont pu être dépistées pour la tuberculose et 15 951 personnes traitées en Tanzanie.
Une réponse médicale et sociale
Les répercussions économiques et sociales de la tuberculose sont dévastatrices, surtout pour les foyers à très faible revenu tels que celui de Bi Hawa. La fermeture de son petit commerce de sardines l’a profondément affectée. La réponse à la tuberculose doit être sociale et médicale, inspirée par la compassion, reposant sur des informations scientifiques et adoptant une approche centrée sur l’humain. C’est la démarche d’Amref Health Africa dans tous ses programmes.
Ainsi, Bi Hawa a non seulement été suivi dans le cadre de son traitement, mais elle a aussi bénéficié d’un capital de départ pour relancer son activité et d’une formation en entrepreneuriat. Ce soutien a renforcé sa détermination à guérir pour reprendre son activité génératrice de revenu et prendre soin de sa famille.
Défendre la santé et l’espoir
Aujourd’hui, Bi Hawa est guérie. Elle a survécu à la tuberculose. Plus qu’une survivante, elle est devenue une véritable championne de la santé à Kibweni. Elle agit au sein de groupes de femmes pour sensibiliser et partager son expérience. Elle lutte contre la stigmatisation associée à la tuberculose et déconstruit les idées reçues. Elle mobilise sa communauté et les encourage à faire une détection précoce dès les premiers symptômes.
Elle est la preuve vivante que le traitement est efficace si on le suit jusqu’au bout, avec l’aide d’agents de santé et le soutien de ses proches. Bi Hawa défend la santé et l’espoir d’un avenir sans tuberculose dans son village et dans le monde.
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À propos du programme « Afya Shirikishi«
En Afrique, le combat contre la tuberculose n’est pas fini. On estime que 2,5 millions de personnes l’ont contracté en 2021, et que 500 000 personnes en sont mortes la même année. La Tanzanie fait partie des 30 pays les plus touchés par la tuberculose et la co-infection tuberculose/VIH. C’est la cinquième cause de décès parmi les maladies transmissibles, maternelles, néonatales et nutritionnelles dans le pays.
Le programme met l’accent sur la nécessité d’assurer aux individus et aux communautés un accès adéquat aux services de lutte contre la tuberculose à travers une variété de modèles de prestation de soins. L’objectif est d’identifier et de diagnostiquer les patients atteints de tuberculose dès les stades précoces de la maladie.
La prestation de soins communautaires pour la tuberculose repose sur une approche où les activités de détection des cas sont menées au sein de la communauté. Cette approche efficace est soutenue par la participation des intervenants de la tuberculose au sein de la communauté, tels que les anciens patients, les agents de santé communautaires ou bénévoles, ainsi que d’autres organisations et associations de la société civile.
Le programme financé par l’USAID fait appel à des survivants de la tuberculose et à des agents de santé communautaires pour rechercher les contacts parmi les proches de patients atteints de tuberculose pulmonaire confirmée bactériologiquement et parmi les patients présumés atteints de tuberculose multirésistante.